Entretien avec Claire McNab
Claire McNab est auteures de romans policiers lesbiens et de romances saphiques. Elle a bien voulu se prêter au jeux des questions/réponses.
Pour préparer cette interview, j’ai fait quelques recherches sur la toile et en dehors de votre site, je n’ai pas trouvé beaucoup d’informations sur vous. En France, on vous connaît peu, pourriez-vous nous en dire un peu plus sur vous : vos origines, votre parcours, votre vie… ?
— Ma carrière ? J’étais employée de bureau lorsque j’ai décidé de rentrer à l’université pour devenir professeure. J’ai enseigné l’anglais et l’histoire au lycée pendant douze ans, puis je suis devenue écrivaine à plein-temps. J’ai publié plus de soixante livres, sous différents pseudonymes.
J’ai vu que vous aviez écrit des pièces de théâtre, des livres pour enfant et des romans lesbiens. Qu’est-ce qui vous a donné envie d’écrire ?
— J’ai toujours su que je voulais être écrivaine. J’ai commencé à inventer des histoires quand j’étais enfant. Lorsque j’étais prof, j’ai écrit des pièces de théâtre humoristiques que j’ai ensuite rassemblées dans un recueil. Ce fut ma première publication.
Vos livres lesbiens sont en majorité des romans policiers. Vous mettez en scène, dans trois séries différentes, un agent de police (Carol Ashton), un agent secret (Denise Cleever) et un détective privé (Kylie Kendall). Qu’est-ce qui vous attire dans ce genre et pourquoi en avoir fait des séries ?
— J’ai toujours adoré les polars, alors il était naturel pour moi d’en écrire. J’ai créé Carole, Denise et Kylie car c’est passionnant d’explorer la personnalité de personnages totalement différents. Pourquoi chacune sa propre série ? De manière à avoir l’espace suffisant pour développer chaque personnage dans de multiples situations peu ordinaires.
Dans le livre « Under The Southern Cross » (traduit en français sous le nom de « Antipodes »), vous décrivez une Australie magnifique, des paysages qui nous invitent à prendre un avion et à passer plusieurs mois à le découvrir. Vous habitez depuis de nombreuses années à Los Angeles, l’Australie vous manque-t-elle ?
— Oui, mon pays natal me manque énormément. L’Australie est un endroit vraiment splendide et j’essaye d’y aller chaque année, voire tous les deux ans.
Dans « La Tactique du Wombat », premier opus mettant en scène Kylie Kendall, Kylie vient de quitter l’Australie pour Los Angeles et éprouve quelques difficultés à s’acclimater tant au niveau de la conduite à droite que les expressions et us et coutumes. Vous êtes vous inspirée de votre vécu ?
— Oui, j’avais l’intention d’écrire un livre à partir de mon expérience, alors, quand j’ai quitté Sydney et que je suis arrivée à LA, j’ai consciencieusement noté toutes les choses qui étaient différentes de l’Australie. À cette époque, je n’avais pas encore pensé à Kylie Kendall. Elle est née quelques années plus tard.
J’ai lu quelque part que vous aviez quitté votre Australie natale pour suivre la femme que vous aimiez aux États-Unis… Vous êtes une vraie romantique ?
— Je suis tombée amoureuse d’une Américaine, alors j’ai quitté mon pays pour être avec elle à Los Angeles. C’était il y a quinze ans et nous sommes très heureuses depuis. Ce fut donc une sage décision. Et forcément romantique !
Comme des milliers (millions ?) de lesbiennes, je m’étais réjouie de la légalisation de l’union civile des homosexuel(les) en Californie, enfin, jusqu’à l’arrivée de la proposition 8 qui demandait à ce que soit inscrit dans la constitution de l’état, le fait que seuls un homme et une femme peuvent se marier. Comment avez-vous vécu cela ?
— Sheila et moi nous sommes mariées en août 2008, lorsque cela était légal pour les couples de même sexe. Nous avons été extrêmement déçues lorsque la proposition 8 a été adoptée avec une courte majorité. La Haute Cour de Californie débat actuellement de la validité de ces 18 000 unions. Une décision sera prise d’ici quelques mois.
Le même jour où les Californiens approuvaient la proposition 8, Barack Obama devint le premier président noir dans l’histoire des États-Unis. Ce pays est plein de contradictions, parfois ouvert puis parfois conservateur à l’excès. Et vous ? Avez-vous pu voter ? Que pensez-vous que l’arrivée de Barack Obama va changer ?
— L’Amérique est un pays fascinant avec un large éventail d’opinion, de l’ouverture d’esprit la plus large au conservatisme le plus intransigeant. Comme je possède la double nationalité (australienne/américaine), j’ai pu voter pour Obama et contre la proposition 8. J’espère que notre nouveau président parviendra à mettre en œuvre au moins la moitié de ce qu’il a promis.
Vous avez écrit de nombreux livres, vous enseignez l’écriture à l’université, vous devez lire beaucoup, y a-t-il un livre que vous auriez aimé écrire ?
— Il y a de nombreux livres que j’aurais aimés avoir écrits, mais un que j’admire tout particulièrement, c’est « Carol » de Patricia Highsmith.
Interview réalisée en avril 2009 par Sylvie, pour sortirentrefilles.com